Notre Histoire
Après la création du Programme pour les mers régionales du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) en 1974, la Méditerranée est devenue la première région à adopter un Plan d’action, à savoir le Plan d’action pour la Méditerranée (PAM) de 1975.
La Conférence diplomatique de plénipotentiaires des États côtiers de la région méditerranéenne pour la protection de la Méditerranée, qui a eu lieu à Barcelone, en Espagne, du 2 au 16 février 1976, a adopté la Convention pour la protection de la Méditerranée contre la pollution (« Convention de Barcelone de 1976 »), qui vise à protéger le milieu marin et les zones côtières, grâce à la prévention et à la réduction de la pollution et, dans la mesure du possible, l’élimination de la pollution, que ce soit sur terre ou en mer. La Convention de Barcelone a été adoptée en même temps que le Protocole relatif à la prévention de la pollution de la mer Méditerranée par les opérations d’immersion effectuées par les navires et aéronefs (Protocole Immersion) et le Protocole relatif à la coopération en matière de lutte contre la pollution de la Méditerranée par les hydrocarbures et autres substances nuisibles en cas de situation critique (« Protocole Situation critique de 1976 »).
Ancien directeur du REMPEC (1976 - 1984)
Plusieurs éléments ont conduit à la création d’un Centre régional pour la lutte contre la pollution marine en mer Méditerranée au milieu des années 70. Le Protocole relatif à la coopération en matière de lutte contre la pollution de la Méditerranée par les hydrocarbures et autres substances nuisibles en cas de situation critique adopté en 1976 a certainement été un facteur déterminant, tout comme la prise de conscience du manque de plans d’urgence coordonnés pour la prévention, le contrôle et la lutte contre les déversements d’hydrocarbures, en particulier en cas de situation critique. Il était manifestement nécessaire d’aider au développement et au renforcement des États riverains de la Méditerranée et de faciliter leur coopération afin de répondre efficacement aux incidents de pollution massive.
Il aurait été inconsidéré de juger que le bassin méditerranéen n’était pas concerné par la pollution et les risques de déversement d’hydrocarbures. La nécessité pour les États riverains de la Méditerranée de se préparer à la lutte et de lutter contre les déversements d’hydrocarbures a toujours été d’une importance capitale. Par conséquent, ledit Centre régional de lutte contre les hydrocarbures en Méditerranée a été créé par l’adoption de la Résolution 7 afin d’aider les Parties contractantes sur les aspects susmentionnés.
À ses débuts, plusieurs actions ont été entreprises par le Centre. En tant que directeur, je me suis rendu dans tous les États côtiers sauf un pour présenter le ROCC et j’ai rendu plusieurs fois visite aux autorités chargées de la lutte contre les déversements d’hydrocarbures. Les visites et les questionnaires ont été très utiles, puisqu’ils ont permis au Centre d’établir un réseau via des points de contact et des moyens de liaison, ainsi que de collecter des données relatives aux équipements de lutte et produits utilisés en cas d’intervention contre les déversements d’hydrocarbures. Les renseignements ont été recueillis auprès des experts disponibles du bassin méditerranéen issus des Parties contractantes, et des fabricants d’équipements d’intervention ont aussi été contactés. Le Centre a réuni des connaissances techniques fiables et a été rapidement en mesure de répondre aux questions techniques soumises par les États côtiers. Par ailleurs, la planification nationale d’urgence a été l’une des principales priorités du ROCC au cours de ses premières années. Des informations ont été recueillies et diffusées aux Parties contractantes, et des formations et séminaires ont rapidement suivi. Cette phase initiale a permis la définition de procédures et d’outils officiels, comme les systèmes d’information. L’utilité de ce travail et le soutien apporté par le ROCC sont devenus indéniables pour la région méditerranéenne au moment de la pollution causée par l’AMOCO CADIZ en 1978, qui a aussi servi de rappel quant à l’importance d’un tel Centre.
Le ROCC dépendait initialement de la volonté de coopération des États côtiers et de la confiance qu’ils lui accordaient. Au cours de ses premières années, le Centre a ensuite été confronté à des restrictions techniques et financières. Malgré tout, avant la fin des années 70, il avait déjà fourni des informations scientifiques et techniques à Chypre, au Liban, à Malte, au Maroc, à la Tunisie, à la Yougoslavie, etc. Il a rapidement dû gérer des demandes d’aide croissantes provenant des Parties contractantes, en particulier concernant le développement des Plans d’urgence nationaux. Le ROCC répondait du mieux possible compte tenu du manque de ressources humaines de l’époque, car le besoin de préparation et de lutte contre les déversements d’hydrocarbures parmi les États riverains de la Méditerranée était une problématique récurrente tout au long de mon mandat au Centre. Il est important de noter les progrès accomplis : alors qu’en 1976, seuls deux pays disposaient de plans d’urgence nationaux aboutis, ils sont aujourd’hui dix-huit sur vingt-et-un États côtiers, et des développements sont toujours en cours en la matière.
De plus, des activités impliquant plusieurs parties prenantes et acteurs clés, comme l’identification des zones à haut risque, ont exigé de concevoir des réponses rapides à partir de rien avec des consortiums de projets, des institutions des Nations Unies et des institutions régionales concernées.
En outre, il est intéressant de noter qu’avant l’avènement d’Internet, les moyens de communication étaient plus limités et que pendant mon mandat, il m’a fallu améliorer la communication pour assurer notre efficacité en cas de situation critique. Au cours de ses trois premières années d’existence, le Centre a été informé de dix déversements, bien que certains ne lui aient été communiqués qu’après un retard considérable.
Bien que gratifiante, la phase initiale s’est aussi avérée difficile, puisque les objectifs et les fonctions du Centre étaient encore à l’étude et n’ont été arrêtés que bien des années après sa création. Toutefois, compte tenu du parcours du Centre, toujours bien actif quatre décennies plus tard, la région méditerranéenne peut être fière d’une telle initiative.
La Convention de Barcelone de 1976, le Protocole Immersion et le Protocole Situation critique de 1976 sont entrés en vigueur le 12 février 1978
Le Fonds régional d’affectation spéciale pour la protection de la mer Méditerranée contre la pollution (MTF) et un budget pour le ROCC (frais de fonctionnement et activités) ont été instaurés.
Ancien directeur du REMPEC (1984 - 1988)
La coopération régionale en cas d’incidents de pollution ne constitue en aucun cas une notion nouvelle. La région méditerranéenne a montré une réelle volonté de coopération, et ce de longue date. En effet, elle a été la troisième région du monde, après les mers du Nord et Baltique, à adopter un accord régional de coopération en matière de lutte contre la pollution en cas de situation critique, et la première dans le cadre du Programme des mers régionales du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), créé en 1974. Les bases de la coopération internationale dans la région de la mer Méditerranée dans le domaine de la prévention, de la préparation à la lutte et de la lutte contre la pollution marine sont énoncées dans la Convention sur la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée (Convention de Barcelone) et ses Protocoles, et en particulier son Protocole relatif à la coopération en matière de lutte contre la pollution de la mer Méditerranée par les hydrocarbures et autres substances nuisibles en cas de situation critique (le Protocole Situation critique de 1976).
Le Protocole Situation critique de 1976 est l’instrument juridique qui édicte les principes de base de la coopération face aux menaces qui pèsent sur le milieu marin, le littoral et les intérêts connexes des Parties contractantes à la Convention de Barcelone en raison de déversements accidentels ou de l’accumulation de rejets opérationnels d’hydrocarbures ou d’autres substances nocives de faible ampleur. Ce mandat a ensuite été élargi pour inclure la coopération en matière de prévention de la pollution de la mer Méditerranée par les navires, après sa révision en janvier 2002. Ce processus de révision visait à aligner le Protocole Situation critique de 1976 avec les textes d’autres instruments juridiques internationaux pertinents développés depuis l’adoption du Protocole de 1976, y compris la Convention internationale sur la préparation, la lutte et la coopération en matière de pollution par les hydrocarbures (OPRC 1990). Il prenait également en compte la contribution de ce qui était à l’époque la Communauté européenne dans la mise en œuvre des normes internationales relatives à la sécurité maritime et la prévention de la pollution provenant des navires, et je crois que le travail du Centre régional de lutte contre les hydrocarbures (ROCC), créé en 1976, a sans nul doute inspiré la rédaction de la Convention OPRC de 1990, mettant en valeur l’expérience novatrice de la Méditerranée dans ce domaine.
La coopération prend tout son sens dans un environnement tel que le bassin méditerranéen. Sa nature semi-fermée résultant de ses conditions physico-chimiques ainsi que l’équilibre délicat entre ses milieux naturels et anthropisés le rendent vulnérable aux incidents de pollution. Cela était encore plus vrai au début des années 80, lorsque les équipements et les connaissances étaient plus rares, et qu’à peine sept pays côtiers avaient mis en place des plans nationaux d’urgence dans l’ensemble de la Méditerranée. De plus, les écarts socioéconomiques au sein même des Parties contractantes compliquaient encore la situation. Il fallait donc intégrer la coopération régionale, qui apparaissait plus que jamais indispensable pour surmonter les défis auxquels chaque État côtier faisait face dans un effort de protection de l’intérêt commun que représentait la mer Méditerranée.
À la lumière de ce qui précède, le REMPEC, connu alors sous le nom de ROCC, a non seulement cherché à établir des liens avec les organisations internationales du bassin méditerranéen, mais il servait également de liaison avec les professionnels de la mer, les fabricants de matériels anti-pollution, la communauté scientifique ainsi que les acteurs d’autres régions afin de renforcer la coopération. En outre, les Parties contractantes, conscientes de leurs engagements au titre du Protocole Situation critique de 1976, ainsi que de ce qui était alors le projet de Protocole Offshore, ont convenu de la nécessité d’établir des lignes directrices afin de faciliter la mise en œuvre des Protocoles et en particulier l’assistance mutuelle en Méditerranée. De telles lignes directrices s’étaient déjà avérées efficaces par le passé, justifiant la décision de se lancer dans un tel processus. Les Parties contractantes se sont ainsi largement appuyées sur le REMPEC et ont grandement profité de son soutien pour rédiger ledit document.
L’adoption des Lignes directrices sur la coopération dans la lutte contre les pollutions marines par les hydrocarbures en Méditerranée lors de la Cinquième réunion des Parties contractantes à la Convention de Barcelone et ses Protocoles a constitué une avancée majeure vers une coopération rapide et effective en cas de situation critique.
En 1987, le mandat du Centre a été élargi pour inclure « les substances dangereuses autres que les hydrocarbures ».
Ancien directeur du REMPEC (1988 - 1998)
Après la naissance en 1974 du Programme pour les mers régionales du PNUE, la Méditerranée a été la première région du monde à adopter un Plan d’action en 1975. La Conférence diplomatique de 1976 a adopté la Convention pour la protection de la mer Méditerranée contre la pollution et deux Protocoles, dont le Protocole relatif à la coopération en matière de lutte contre la pollution de la mer méditerranée par les hydrocarbures et autres substances nuisibles en cas de situation critique (le Protocole Situation critique), définissant ainsi un cadre de coopération régional. Par ailleurs, cette même Conférence diplomatique a également adopté une Résolution visant à instaurer ce qui allait devenir notre Centre régional de lutte contre la pollution par les hydrocarbures, confiant sa responsabilité et ses obligations à l’OMI. Ainsi naquit le ROCC, précurseur du REMPEC.
Le Protocole Situation critique et les Conventions pertinentes de l’OMI mentionnées dans son préambule, complétées par des lignes directrices et des manuels, constituent la base juridique sur laquelle élaborer la législation nationale et mettre en place des dispositifs nationaux et régionaux (y compris sous-régionaux) de préparation à la lutte et de lutte contre les pollutions accidentelles.
L’évolution du contexte historique méditerranéen et du cadre juridique décrits ci-dessus a façonné celle du Centre.
La phase initiale du ROCC a été difficile pour plusieurs raisons, dont son caractère novateur en Méditerranée et l’hétérogénéité du niveau de préparation des États. Par ailleurs, la désignation des autorités nationales compétentes par les Parties n’était pas toujours optimale.
Mon mandat s’est inscrit dans la seconde phase du Centre, pendant laquelle le ROCC est devenu le REMPEC et des changements ont eu lieu pour permettre au Centre de surmonter certaines difficultés de la phase précédente et de mieux remplir les objectifs et les fonctions qui lui avaient été assignés par la Conférence diplomatique de 1976, et notamment :
- sur décision des Parties contractantes, l’élargissement du champ d’action du Centre à la préparation à la lutte et à la lutte contre la pollution marine par les substances dangereuses ;
- le développement du système régional d’information, des bases de données et des systèmes d’aide à la décision ;
- le développement de plusieurs lignes directrices relatives à la coopération en cas de situation critique et à la création de l’Unité d’assistance méditerranéenne ainsi que d’un fonds spécial pour couvrir certains frais en cas d’urgence ;
- le développement et l’exécution des projets pour la préparation d’accords sous-régionaux avec l’aide du mécanisme financier LIFE de la Communauté européenne.
La troisième phase a été un tournant important du fait de la révision du Protocole et de son extension à la prévention. Les objectifs et fonctions du Centre ont ainsi été modifiés pour inclure la prévention et consistent principalement à renforcer les capacités des Parties contractantes et la coopération régionale pour une mise en œuvre efficace des Conventions internationales.
En 1989, le nom du Centre a été changé pour devenir Centre régional méditerranéen pour l’intervention d’urgence contre la pollution marine accidentelle (REMPEC).
Les Parties contractantes ont adopté le Protocole relatif à la protection de la mer Méditerranée contre la pollution résultant de l’exploration et de l’exploitation du plateau continental, du fond de la mer et de son sous-sol (« le Protocole Offshore »).
Alors que le Protocole Offshore demande expressément aux Parties contractantes à la Convention de Barcelone d’appliquer mutatis mutandis les dispositions du Protocole Situation critique de 1976, en cas de situation critique, il détaille également le rôle du REMPEC en la matière.
L'Unité d’assistance méditerranéenne (UAM), mise en place pour offrir des conseils d’experts sur site ou à distance sur demande d’une Partie contractante en cas de situation critique, a été établie par la Huitième réunion ordinaire des Parties contractantes à la Convention de Barcelone et ses protocoles (Antalya, Turquie, octobre 1993).
Les Parties contractantes ont adopté le Protocole relatif à la protection de la mer Méditerranée contre la pollution résultant de l’exploration et de l’exploitation du plateau continental, du fond de la mer et de son sous-sol (« le Protocole Offshore »). Alors que le Protocole Offshore demande expressément aux Parties contractantes à la Convention de Barcelone d’appliquer mutatis mutandis les dispositions du Protocole Situation critique de 1976, en cas de situation critique, il détaille également le rôle du REMPEC en la matière
Plan d’action pour la protection du milieu marin et le développement durable des zones côtières de la Méditerranée (Phase II du PAM) a été adopté par les Parties contractantes à la Convention de Barcelone. Dans le même temps, la Convention de Barcelone de 1976 a été modifiée et renommée « Convention sur la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée » (« la Convention de Barcelone »).
Les modifications ont trait, entre autres, au concept de développement durable, au principe de précaution, au principe de pollueur-payeur, à la procédure d’évaluation de l’impact sur l’environnement et la gestion intégrée des zones côtières. Elle traite de certaines questions transversales, telles que la surveillance de la pollution en mer Méditerranée, la coopération scientifique et technologique, la législation environnementale, l’information et la participation du public, ainsi que la responsabilité et l’indemnisation.
L’adoption d’une résolution portant sur une « Stratégie régionale pour la prévention de la pollution du milieu marin par les navires » a ouvert la voie à l’amendement du Protocole Situation critique de 1976.
Les Parties contractantes ont entamé un vaste et long processus consultatif visant à réviser le Protocole Situation critique de 1976 pour inclure la prévention de la pollution marine, mais aussi pour actualiser son texte.
Ancien directeur du REMPEC (1998 - 2005)
La fin des années 90 a marqué un tournant important en ce qui concerne le mandat et les responsabilités du REMPEC.
En 1992, le Sommet de la Terre, la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement qui s’est tenue à Rio de Janeiro, a adopté la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement, ainsi que l’Action 21 qui exhorte les pays à appliquer effectivement les principes d’un développement durable. En particulier, le chapitre 17 consacré à la protection des océans et des mers, y compris les mers fermées et les zones côtières, déclare que : « Le milieu marin forme un tout et constitue un élément essentiel du système permettant la vie sur Terre. C’est un capital qui offre des possibilités de développement durable. Le droit international, tel qu’il se traduit dans les dispositions de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, énonce les droits et obligations des États et constitue l’assise internationale sur laquelle doivent s’appuyer les efforts visant à protéger et à mettre en valeur de façon durable le milieu marin, les zones côtières et leurs ressources. Cela suppose l’adoption de nouvelles stratégies de gestion et de mise en valeur des mers et océans et des zones côtières au niveau national, sous-régional, régional et mondial ».
En 1995, les Parties contractantes à la Convention de Barcelone ont modifié la Convention adoptée en 1976, l’ont rebaptisée « Convention sur la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée », et ont adopté en conséquence le nouveau Plan d’action pour la Méditerranée 1995-2005 (Phase II du PAM) pour remplacer le PAM de 1975, le premier plan adopté en tant que Programme des mers régionales sous l’égide du PNUE. Dans ces deux documents, les pays méditerranéens ont pris en compte les dispositions de la Déclaration de Rio et l’Action 21. Les Parties contractantes ont notamment convenu de privilégier une « attitude de prévention » tout en encourageant le développement durable dans la région méditerranéenne dans le but de mieux protéger l’environnement côtier et marin.
Pour ces raisons, la Communauté maritime méditerranéenne et les Parties contractantes ont reconnu qu’un instrument juridique régional se concentrant uniquement sur la préparation à la lutte et la lutte contre la pollution marine accidentelle (comme le Protocole Situation critique de 1976) ne pouvait plus être considéré comme approprié ni suffisant pour faire face aux nouveaux défis et risques posés par l’augmentation significative du trafic maritime dans une mer particulièrement confinée. La zone accueillait alors déjà 30 % du trafic maritime mondial et 27 % en termes d’hydrocarbures, ce qui en faisait la seconde zone maritime la plus encombrée du monde après les détroits de Malacca et de Singapour.
En 1997, les Parties contractantes ont soutenu une résolution relative à la Stratégie régionale pour la prévention de la pollution marine provenant des navires, qui a ouvert la voie au processus de révision du Protocole Situation critique de 1976 et a incité le REMPEC à soumettre à ses correspondants nationaux, en 1998, une version modifiée du Protocole Situation critique visant la mise à jour de l’instrument juridique en question grâce à l’inclusion de certaines questions relatives à la prévention et d’autres dispositions. Cette première tentative a conduit les pays à aller plus loin en révisant complètement le Protocole et finalement mené à la création par la région méditerranéenne d’un tout nouveau Protocole. Il fut adopté par les Parties contractantes en 2002 et devint le « Protocole Prévention et situations critiques de 2002 ».
Ces décisions ont donné un véritable élan au système régional et aux Parties contractantes elles-mêmes, ouvrant la voie à une formidable série d’initiatives et d’activités menées dans les années qui ont suivi, en étroite collaboration avec les pays, l’Unité de coordination du PAM, l’OMI, l’UE, la société civile, les universités, les instituts de recherche, l’industrie pétrolière et chimique de la Méditerranée, les ONG et les communautés locales.
Le Groupe de travail technique méditerranéen (MTWG) a été créé dans le but de faciliter l’échange de données techniques et d’autres informations scientifiques et technologiques visant à évaluer la nature, l’exposition et les risques des pollutions marines accidentelles ainsi que promouvoir des solutions face à de telles pollutions dans la zone de la mer Méditerranée.
Les Parties contractantes ont adopté les nouveaux objectifs et les nouvelles fonctions du REMPEC, qui réaffirment son engagement dans les activités en lien avec la prévention, la préparation à la lutte et la lutte contre la pollution marine, et ont décidé d’adopter un nouveau Protocole au lieu d’amender le Protocole Situation critique de 1976.
Protocole relatif à la coopération en matière de prévention de la pollution par les navires et, en cas de situation critique, de lutte contre la pollution de la mer Méditerranée (le « Protocole Prévention et situations critiques » de 2002) a été adopté. Ledit Protocole couvre la prévention, la préparation à la lutte et la lutte contre la pollution marine provenant de sources basées en mer, qu’elle résulte de rejets accidentels ou d’accumulations de petits rejets opérationnels, d’hydrocarbures ou d’autres substances nocives.
Cette année a été marquée par l’entrée en vigueur de la Convention de Barcelone et du Protocole Prévention et situations critiques de 2002, qui a remplacé le Protocole Situation critique de 1976 dans les relations entre les Parties aux deux instruments.
La Stratégie régionale pour la prévention et la lutte contre la pollution marine provenant des navires a été adoptée, définissant vingt-et-un (21) objectifs à réaliser avant 2015, ainsi qu’un ensemble d’objectifs de mise en œuvre, un calendrier et la liste des conventions internationales et de la législation européenne pertinentes.
Ancien directeur du REMPEC (2005 - 2014)
Lorsque l’incident de Jiyeh est survenu en juillet 2006, il a présenté plusieurs particularités. Tout d’abord, il ne s’agissait pas d’un incident en mer. Au contraire, la marée noire, composée de fioul lourd et de débris, se répandait depuis la côte et était transportée par les courants côtiers vers le Nord en direction du littoral syrien qui a fini par être également contaminé. La singularité de l’incident a empêché l’utilisation de nombreux moyens de lutte : les navires de récupération d’hydrocarbures spécialisés présentaient par exemple un tirant d’eau trop important. Les caractéristiques des hydrocarbures et l’emplacement du déversement ont aussi empêché toute utilisation de produits dispersants, et les écumeurs n’étaient pas tous adaptés pour le fioul lourd, et encore moins pour les débris.
Ensuite, cet incident a engendré une telle mobilisation internationale que de multiples canaux de communication ont été activés simultanément. Cela a créé de nombreux doublons qui ont augmenté encore la charge de travail importante à laquelle les autorités libanaises devaient faire face en raison des divers aspects de la situation, puisque le déversement d’hydrocarbures n’était qu’un élément de l’urgence générale.
Enfin, il a été impossible d’évaluer l’ampleur exacte de l’incident et de concevoir un plan d’intervention approprié avant l’annonce du cessez-le-feu le 15 août.
Au cours de cette situation d’urgence, avec le soutien de l’OMI, du PNUE, du PNUE/OCHA et des Parties contractantes à la Convention de Barcelone, le REMPEC a été en mesure de remplir sa mission en conseillant les autorités libanaises sur place et à distance, en mobilisant l’Unité d’assistance méditerranéenne et en activant le système d’information régional en vue de faire circuler les demandes et les offres d’assistance. Le REMPEC, qui se concentrait spécifiquement sur la situation d’urgence découlant du déversement d’hydrocarbures, a tenu toutes les parties intéressées au courant de l’évolution de la situation. Pour une petite organisation comme le REMPEC, cela n’a été possible que grâce au soutien temporaire apporté par le Canada, le Royaume-Uni et l’AESM au nom de la Communauté européenne.
Dans le contexte d’une réponse internationale à une situation critique menée par le PNUE/OCHA, le REMPEC en tant que Centre d’activités régionales compétent de la Convention de Barcelone a démontré la valeur ajoutée de s’appuyer sur les Programmes des mers régionales afin de bénéficier de leur réseau bien établi de correspondants et d’organisations partenaires. Le REMPEC n’a ni le mandat ni les moyens d’intervenir dans les opérations de lutte. Il a été créé comme point de contact régional en cas de situation critique et comme conseiller technique, en mesure de relayer et de déclencher l’aide régionale et internationale, en conformité avec le principe de renforcement défini dans la Convention sur la préparation, la lutte et la coopération en matière de pollution par les hydrocarbures. Les enseignements tirés de cet incident ont été nombreux et ont abouti à plusieurs guides techniques et formations. Cela a aussi lancé le développement d’un partenariat méditerranéen en vue d’établir un service de prévision océanographique opérationnelle disponible 24 h/24 et 7 j/7, sous la direction du Réseau méditerranéen d’océanographie opérationnelle.
Cet incident a également souligné la nécessité d’améliorer les liens de communication avec les différents acteurs concernés et, en particulier, de disposer d’un outil de communication commun afin d’éviter la duplication des demandes et des efforts. La proposition de la Commission européenne en 2014 d’ouvrir l’utilisation du système commun de communication et d’information d’urgence (CECIS) à toutes les Parties contractantes de la Convention de Barcelone et au Secrétariat des Accords régionaux a donc constitué une bonne nouvelle, étant donné que l’utilisation de cet outil améliorerait certainement le temps de réponse ainsi que l’échange d’informations.
Mais au-delà des aspects techniques de la lutte lors de situations critiques, le rôle principal du REMPEC reste d’aider les Parties contractantes à renforcer leur niveau de préparation, ce qui constitue le facteur décisif pour lutter efficacement.
Le déversement d’hydrocarbures provenant de la centrale électrique de Jiyeh au Liban a représenté un moment majeur dans l’histoire du REMPEC. Le Centre a assisté le gouvernement libanais, a coordonné l’aide régionale en coopération avec des organisations régionales et internationales et a fourni des conseils experts sur site et à distance.
Le mandat actuel du REMPEC a été adopté.
Le déversement d’hydrocarbures du « Deepwater Horizon » le 20 avril 2010 a remis le Protocole Offshore à l’ordre du jour pour les communautés méditerranéenne, européenne et internationale, et a conduit à son entrée en vigueur le 24 mars 2011.
La Stratégie méditerranéenne de gestion des eaux de ballast des navires, y compris son Plan d’action et son échéancier d’exécution, ainsi que les « Orientations générales sur l’application volontaire provisoire de la norme D1 sur le renouvellement des eaux de ballast des navires opérant entre la mer Méditerranée et l’Atlantique du Nord-Est et/ou la mer Baltique », a été adoptée en vue de s’attaquer à l’une des principales menaces pesant sur les océans et mers du monde, à savoir l’introduction d’espèces exotiques envahissantes par les eaux de ballast des navires. Il a été demandé au REMPEC de soutenir les Parties dans sa mise en œuvre, et ce en coopération avec le CAR/ASP.
Le Réseau méditerranéen des agents chargés de l’application des lois relatives à MARPOL dans le cadre de la Convention de Barcelone (MENELAS), pour lequel le REMPEC agit en tant que Secrétariat, a été établi.
Ancien chef de bureau du REMPEC (2014 - 2015)
Au cours de la seconde moitié de l’existence du REMPEC, le développement, la mise en œuvre et la coordination des projets d’assistance technique sur financement externe ont sans aucun doute été un outil très important et novateur pour la mission de soutien du Centre aux États riverains de la Méditerranée en vue de renforcer leurs capacités de prévention, de préparation et de lutte contre la pollution marine. Ces projets ont constitué une source de financement importante pour le Centre et les États de la région, notamment au moment où le financement de base du REMPEC s’est dégradé.
L’Union européenne (UE) a joué un rôle essentiel dans la réussite des projets du Centre puisqu’elle a financé la grande majorité des projets mis en œuvre par le REMPEC. La première expérience du Centre en la matière a été l’élaboration, la mise en œuvre et la coordination de quatre projets LIFE financés par l’UE entre 1993 et 2003 consacrés à un Plan d’urgence sous-régional pour le sud-ouest de la Méditerranée, aux capacités de lutte contre la pollution marine de Chypre, l’Égypte et Israël (les trois pays impliqués dans le premier projet), au système national de préparation et de lutte contre la pollution marine accidentelle de la Syrie, et à l’évaluation du risque des ports de Mersin et Iskenderun en Turquie, ainsi qu’au renforcement des capacités associées pour les États en termes de préparation à la lutte et de lutte contre la pollution marine.
Après que le mandat du REMPEC a été élargi pour inclure la prévention de la pollution par les navires à travers l’adoption du Protocole Prévention et situations critiques de 2002, le Centre a largement fait usage de projets spécifiques visant à renforcer les capacités des Parties contractantes au Protocole. Un projet financé par le fonds MEDA de l’UE sur les installations de réception portuaires (2002-2004) visant à faciliter la mise en œuvre des Annexes I (Hydrocarbures) et V (Ordures) de la Convention MARPOL dans la région méditerranéenne en matière d’installations de réception portuaires a été le projet pionnier dans le domaine de la prévention de la pollution provenant des navires. Le succès de la mise en œuvre de ce projet a incité la Commission européenne (CE) à attribuer directement au REMPEC la responsabilité de développer, mettre en œuvre et coordonner le projet régional financé par le fonds MEDA de l’UE intitulé « Coopération euroméditerranéenne sur la sécurité maritime et la prévention de la pollution par les navires », plus connu sous le nom SafeMed (2006-2008), puis SafeMed II (2009-2012). Le principal objectif des projets SafeMed était de réduire les écarts existants dans l’application des normes maritimes internationales entre les États membres de l’UE et les pays méditerranéens partenaires non membres de l’UE dans l’ensemble de la région. Ils visaient aussi à encourager et promouvoir la mise en œuvre uniforme, effective et cohérente des conventions internationales pertinentes afin de mieux protéger le milieu marin dans la région méditerranéenne via la prévention de la pollution provenant des navires.
La mise en œuvre réussie de ces projets pionniers par le REMPEC a fait des projets sur financement externe un aspect important du programme de travail du Centre. Par la suite, le Centre a joué le rôle de partenaire régional de mise en œuvre pour d’autres projets mondiaux ou régionaux entrepris par l’OMI, le PAM du PNUE et d’autres partenaires comme le projet de partenariats GloBallast FEM/PNUD/OMI, le projet EcAp-MED, les projets POSOW I et II et le projet MEDESS-4MS.
La mise en œuvre de ces projets par le REMPEC a sans nul doute eu un impact important sur les capacités de la région à protéger les milieux marins. Un important effort de formation du personnel, l’élaboration de stratégies et de lignes directrices, la préparation des cartes de sensibilité pour les zones littorales, le développement de la modélisation des déversements d’hydrocarbures, le système d’information géographique sur les flux du trafic maritime en Méditerranée, et l’entrée en vigueur du statut spécifique de la mer Méditerranée en vertu de l’Annexe V de la Convention MARPOL ne sont que quelques exemples concrets des accomplissements majeurs du REMPEC en matière de mise en œuvre de projets. La mise en œuvre de tels projets fait désormais partie intégrante du travail du REMPEC dans la protection de la Méditerranée contre la pollution.
Chef de Bureau du REMPEC (2015 - aujourd'hui)
Lorsque la Méditerranée est devenue la première région du monde à adopter un Plan d’action, à savoir le Plan d’action pour la Méditerranée de 1975 (PAM), après le lancement réussi du Programme pour les mers régionales du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), elle a ouvert la voie à la fondation du ROCC. Depuis sa création le 11 décembre 1976, le Centre régional de lutte contre les hydrocarbures a été un pionnier de la préparation à la lutte et de la lutte contre la pollution marine par les navires, qui a inspiré la rédaction de la Convention internationale sur la préparation, la lutte et la coopération en matière de pollution par les hydrocarbures (OPRC).
Le succès de son intégration et de sa mise en œuvre a conduit à accorder plus de responsabilités au Centre, dont le mandat a été élargi conformément aux décisions des Parties contractantes à la Convention de Barcelone de 1976 afin de faire face aux problématiques émergentes et aux évolutions mondiales connexes, en mettant plus particulièrement l’accent sur les mesures de prévention de la pollution par les navires. Cela a inspiré le changement de nom de 1989, lorsque le centre a été rebaptisé « Centre régional méditerranéen pour l’intervention d’urgence contre la pollution marine accidentelle » (REMPEC). Depuis lors, le REMPEC sert de modèle dans le cadre du Programme des mers régionales dans différentes parties du monde, du Nord-Ouest Pacifique aux Caraïbes, et reste une référence au sein de la communauté internationale dans le contexte de la mise en œuvre des conventions de l’Organisation maritime internationale (OMI).
Aujourd’hui, des concepts comme la « croissance verte », la « croissance bleue » et l’approche écosystémique émergent dans une région méditerranéenne très vulnérable et en pleine évolution, qui subit la croissance du tourisme, du trafic maritime ainsi que de l’exploration et de la production offshore. On comprend aisément qu’il faut une coordination, une intégration et une coopération considérables pour que tous les États riverains de la Méditerranée répondent aux obligations de la Convention de Barcelone et ses protocoles ainsi que des différentes conventions de l’OMI tout en adhérant aux objectifs de développement durable des Nations Unies.
Le REMPEC continue de jouer un rôle crucial en facilitant justement cette coordination, cette intégration et cette coopération, au carrefour des besoins des communautés locales, nationales et sous-régionales et des régimes régionaux et internationaux. Le concept d’intégration fait partie de la Stratégie à moyen terme 2016-2021 de l’ONU Environnement/PAM, qui a été préparée en étroite collaboration avec toutes les composantes de l’ONU Environnement/PAM en intégrant notamment des instruments stratégiques comme la Stratégie régionale pour la prévention et la lutte contre la pollution marine par les navires 2016-2021.
La Stratégie régionale pour la prévention et la lutte contre la pollution marine provenant des navires (2016-2021) a été adoptée en 2015, à la fin de la période de mise en œuvre de la Stratégie régionale de 2005. La Stratégie régionale définit vingt-deux (22) objectifs spécifiques à atteindre d’ici 2021 en lien avec des priorités à prendre en compte dans la mise en œuvre du Protocole Prévention et situations critiques de 2002.
Le Plan d’action offshore pour la Méditerranée dans le cadre du Protocole relatif à la protection de la mer Méditerranée contre la pollution résultant de l’exploration et de l’exploitation du plateau continental, du fond de la mer et de son sous-sol a été préparé par le Secrétariat de l’ONU Environnement/PAM avec une contribution de fond de la part du REMPEC.
Sous le thème de la « Coopération en Méditerranée pour la prévention et la lutte contre la pollution marine provenant des navires », le Centre régional méditerranéen pour l’intervention d’urgence contre la pollution marine (REMPEC) a démarré le 4 octobre 2016, les célébrations de son 40ème anniversaire.
Télécharger le livre commémoratif du 40ème anniversaire du REMPEC
Lire d'advantage sur l'évènement
Voir les vidéos de l'évènement